Vendredi Saint

Strasbourg Synagogue

Statue de la Synagogue et l’Eglise

Strasbourg Church

dans la Cathedrale de Strasbourg

l’Evangile: J 18.1-19.42

Les graines de l’anti-sémitisme sont semées dans le récit de la Passion tout spécialement dans  l’Evangile de Jean, la lecture du Vendredi Saint où le mot « Juifs » est employé 21 fois, et pour la plupart  d’une manière négative.  Ci-joint  des exemples de ces passages : «  Si mon royaume était de ce monde mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs.(18/36   Après avoir dit cela il dit : « lui(Pilate  sortit dehors et dit aux Juifs «    Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation…  18/38  Eux (les Juifs) crièrent en réponse : non pas lui mais Barabas (18/40  Joseph d‘ Arimathie,  qui était un disciple de Jésus, mais secrètement par peur des Juifs (19/38  Par la lecture solennelle  de cet Evangile accompagnée  des chants et de l’encens, des millions de Chrétiens sont imbibés inconsciemment d’un esprit d’anti-Judaisme

Qui est ce qui adoptera  ce  texte biblique et lira non pas les Juifs, mais quelques uns des « concitoyens »  ou leurs « chefs religieux »

Qui  est ce qui va faire observer que tout le récit de la Passion  raconté dans les Evangiles est prévenu contre la nation Juive et favorable à Rome ?

Qui va expliquer qu’à l’époque de la rédaction du récit de la Passion, la Synagogue et l’Eglise étaient déjà séparées ? Les Chrétiens ont perçu les Juifs comme aveugles parce qu’ils n’ont pas reconnu Jésus comme leur Messie.  Des tensions et des  luttes ont surgies. C’était donc un pas   très facile  pour projeter ceci sur le récit de la Passion et finalement sur la judeisation  de Jésus et de ses partisans.

Qui  va montrer que le Pilate du récit de la Passion a peu en commun avec le Pilate de l’Histoire ?   Le Pilate  du récit de la Passion est une homme compatissant qui a cru a l’innocence de Jésus et qui a essayé de le sauver des mains de ses ennemis, les Juifs. Le Pilate de l’Histoire est un homme obstiné, vindicatif , cruel connu pour ses actes terribles de cruauté envers les Juifs.

Qui va expliquer auprès des fidèles, les responsables de la mort de Jésus, qui l’a tué ?   Du côté des Gentils  les  Romains.   La crucifiement était une punition romaine et non pas juive. ?

Du côté Juif, les principaux  meneurs étaient les chefs religieux, les prêtres du temple, les fonctionnaires de Rome, chargés de maintenir la paix.  L’Evangile  déclare que Jésus a été arrêté par un  détachement de soldats  et de la police envoyés par les chefs des prêtres.  Ils l’emmenèrent d’abord auprès du Grand prêtre, Anne qui après l’avoir interrogé, l’a renvoyé à la maison du Grand prêtre Caiphe, où il a été gardé pendant la nuit.  De bon matin Caiphe le fit transféré dans les quartiers de Pilate et des autorités romaines, sachant très bien quel en serait le résultat.  Ces prêtres ne représentaient pas le peuple Juif.

Où devraient être  nos cœurs le Vendredi Saint ?   En baisant tendrement la croix, nous pourrions nous demander ce que nous avons fait à son peuple.  Comment avons-nous participé au développement et à la diffusion de ce mythe des Juifs tueurs du Christ  qui a conduit à la crucifixion de Jésus  par la mort de six million d’enfants , de femmes et d’hommes «  torturés et tués, bouillis dans du savon, leurs cheveux devenus des oreillers et leurs os des fertilisants (25, Fleischner)

Qui doit se repentir ?  Les chefs religieux qui ont inauguré les croisades, établi les inquisitions, bâti des guettos et encouragé des chefs civils dans leurs persécutions et expulsions de Juifs de leur pays.  Tous les théologiens qui ont aidé à construire le mythe du Juif comme tueur du Christ et les  peignant  comme des aveugles  parce qu’ils n’ont pas reconnu la venue de leur Messie.  Tous ceux qui ont prié pour les « juif perfides » dans la liturgie du  Vendredi Saint.  Tous ceux qui critiquent les Juifs aujourd’hui parce qu’ils ne distinguent pas le peuple de leur chefs politiques.

Est-ce que ces pensées profanent ce jour qui est appelé « Vendredi Saint » ?  Non, Non si nous nous soucions de la continuité du  Christianisme.    Nostra Aetate n’a pas eu l’effet désiré par les membres du Second Conseil du Vatican.  Irving Greenberg un professeur  Juif   demande si le Christianisme peut survivre en face de l’Holocauste.  Il demande : «  Est-ce que les gageures de foi en Jésus sont perdus ?  Il répond : «   Pas nécessairement  il y a une alternative pour ceux dont la foi passe par les flammes démoniaques  consumées dans un crematorium :  c’est le vouloir et l’habilité d’entendre d’autre révélations et de se re-orienter.  C’est cela le chemin de la totalité.    Rabbi Nachman de Bratislav a dit  « il n’y a pas de cœur si entier qu’un cœur brise.  Après Auschwitz il n’y a pas de foi si totale qu’une foi brisée et re-fondue dans les fours »(page 24, Fleischner)

Bibliographie :  Jeremy Cohen-  Christ Killers :  The Jews and the Passion from the Bible to the Big Screen (Oxford University, Press 2007)  Fleischner, Editor, Auschwitz :  Beginning of a New Era ? (Ktav 1977)  Amy-Jill Levine, The misunderstood Jew; ;  Mary Boys-  Has God only one Blessing?  Paulist Press 2000).

Sr Maureena Fritz NDS

e: maureena (at) batkol.info