Général

Le mariage «ôrfi» (coutumier) en Tunisie.

Le mariage coutumier (ôrfi) semble gagner plus d’adeptes dans les milieux de la jeunesse salafiste.  Le mariage coutumier ou « mariage Orfi »,est un nouveau phénomène qui fait son apparition dans la société tunisienne. Bien qu’il soit difficile de recenser ces cas, le phénomène est de plus en plus perceptible dans les alentours de la capitale et dans d’autres grandes villes.

Qu’est-ce que le mariage « Orfi » ?

Il s’agit d’un contrat de mariage formellement signé entre un homme et une femme en présence de 2 témoins. Selon le Code du statut personnel ce mariage est illégal, car aucun engagement entre le mari et la femme ne lie le couple.

Ce type de mariage n’a pas de contrat civil, il n’est pas reconnu par la loi, et transforme les femmes en des épouses en suspens avec des enfants non-reconnus et sans identité.
La femme est privée de ses droits les plus fondamentaux, dont le plus important est d’être reconnue comme une épouse ; elle est en effet considérée par la société comme une mère célibataire car il est difficile de prouver ses droits devant le tribunal, et elle perd par conséquent le droit à une pension alimentaire en l’absence de documents juridiques.

Situations des enfants

Les grands perdants dans cette relation, ce sont les enfants qui sont considérés comme illégitimes, car leur filiation est difficile à prouver vu que le père refuse sa responsabilité à leur égard. Les mères se trouvent dans  l’incapacité à enregistrer leurs enfants et à obtenir des certificats de naissance sans un contrat de mariage formel. Il en résulte que les petits ne peuvent pas s’inscrire à l’école parce que leurs noms n’existent pas dans les registres civils.

Situation des jeunes

Selon une étude effectuée dans cinq universités tunisiennes, ils seraient plus de 80% à choisir cette union sans valeur juridique et, surtout illégale et qui peut être rompue à tout moment. 800 unions ôrfi, à l’abri de tous les regards, seraient recensées en Tunisie, une comptabilité cependant difficile à établir tant la discrétion prévaut en la matière.

Il semble que cette «mode» serait engendrée par les conditions difficiles et précaires de la jeunesse tunisienne… Mais qu’adviendra-t-il de la femme dans ces conditions ?…
En Egypte «  Le mariage orfi est devenu un vrai phénomène depuis peu, avec 4 100 mariages contractés en 2008, dont 17% le seraient par des étudiants.  » Ces chiffres  révèlent la tension croissante entre une société figée et une population aspirant à vivre sa jeunesse pleinement.

Sr Agnès Perrin-NDS